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2.4. Mahomet s’installe à Médine et établi l'islam en tant que force militaire

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Treize ans après que Mahomet a déclaré avoir eu des visions de l'ange Gabriel, Khadijah est morte. De son vivant, Mahomet n'avait pas pris de seconde épouse. Cependant, peu après la mort de Khadija, il a épousé une veuve appelée Sauda et, alors qu'il était encore marié à elle, il a également épousé une jeune fille appelée Aïcha.

Ce n'est pas la seule chose qui changea radicalement après la mort de Khadijah. L'oncle de Mahomet mourut peu après, et à sa mort, Mahomet perdit la protection dont il avait bénéficié. Le reste de son clan est resté païen, et il n'y avait pas d'amour perdu entre eux et Mohammed. En conséquence, Mohammed a quitté la Mecque avec ses femmes et environ soixante-dix de ses disciples et s'est installé à Médine pour échapper aux persécutions. À Médine, il épousera d'autres femmes, jusqu'à en avoir entre 11 et 15 (selon les sources) en même temps. Il a divorcé de certaines d'entre elles, si bien qu'au total, il aurait eu entre 15 et 25 épouses.

Pourquoi Mahomet a-t-il choisi Madina comme destination ? Comme indiqué précédemment, les parents maternels de Mahomet étaient tous citoyens de Médine ; bien que Mahomet lui-même ne soit pas techniquement considéré comme faisant partie de leur clan (la société locale étant strictement patrilinéaire), ils lui ont néanmoins offert un certain niveau de protection dans sa nouvelle maison. Il y avait également des tribus arabes dans la ville qui le reconnaissaient comme un prophète (bien que toutes ne se soient pas converties à sa nouvelle religion). Même avant son déménagement, il avait été reconnu comme un chef d'une certaine envergure, et on lui avait demandé de négocier la réconciliation entre deux tribus rivales de Médine, les Banu Khazraj et les Banu Aws. Une fois qu'il les eut réunies, elles enterrèrent la hache de guerre et firent allégeance à la religion commune. Ils furent connus sous le nom d'Ansar, ou "aides" de Mahomet.

La structure sociale de Médine était étrange. Elle comptait deux grandes tribus arabes, les Banu Khazraj et les Banu Aws. Il y avait également quelques tribus juives : Banu Qurayza, Banu Qaynuqa, et Banu Nadir. Ces tribus juives avaient émigré du Levant quelques siècles auparavant et s'étaient établies en Arabie, travaillant principalement dans le commerce ou la joaillerie.

La migration vers Médine a marqué un énorme changement, non seulement en termes de lieu, mais aussi en termes d'enseignement. Ce déplacement était si important qu'il est aujourd'hui considéré comme le point de départ du calendrier islamique (appelé calendrier de l'Hégire, d'après le mot arabe signifiant "migration"), et ceux qui l'ont suivi sont connus sous le nom de Muhaajiruun (ou émigrants) et sont depuis ce jour considérés comme ayant un statut supérieur parmi les musulmans en reconnaissance des épreuves et des persécutions qu'ils auraient endurées à la Mecque.

Une fois que Mahomet a quitté la Mecque, la religion pacifique qu'il prêchait a pris fin et ses enseignements ont pris un ton tout à fait différent. Le Coran - bien qu'il n'ait été compilé qu'à une date ultérieure - contient des enseignements de Mahomet pour les deux périodes, et il y a une nette différence entre ce que l'on appelle les sourates (ou chapitres) mecquoises et les sourates médinoises, qui se lisent comme un manuel de guerre, Mahomet passant du statut de prédicateur spirituel à celui de général militaire brutal.

Juste avant l'arrivée de l'hégire, une famine avait sévi à Médine et la terre n'était plus en mesure de subvenir aux besoins de la population croissante. Par conséquent, lorsque Mahomet est arrivé, il a découvert qu'il n'y avait pas assez de nourriture pour lui ou ses disciples (ou en fait pour toutes les tribus déjà présentes). Après s'être installé, il a donc tenté en vain, à quatre reprises, d'attaquer les caravanes de Quraysh qui se rendaient à la Mecque ou qui en revenaient. Puis, en mars 624 (la deuxième année après l'Hégire), il planifia un raid sur une caravane marchande conduite par Abu Sufyan ibn Harb - l'un des chefs de la tribu mecquoise des Quraysh à laquelle son père avait appartenu - qui revenait de Syrie. Abu Sufyan apprit le plan par ses éclaireurs et envoya un message à la Mecque pour demander de l'aide. Les Quraysh lui envoyèrent environ mille soldats, mais Abu Sufyan ibn Harb changea de route et réussit à éviter l'embuscade. Néanmoins, les Mecquois décidèrent de marcher quand même contre Mohammed. Les deux armées se rencontrèrent au puits de Badr (70 miles au sud-ouest de Madina). L'armée des Quraysh était trois fois plus importante que l'armée musulmane, mais les musulmans remportèrent la bataille en parvenant à prendre le contrôle de la source d'eau, le puits.

Cette victoire lors de leur premier conflit armé a changé beaucoup de choses pour le nouvel État islamique. Désormais, les musulmans voyaient la possibilité de gagner un conflit armé contre une armée beaucoup plus importante que la leur, et ils voyaient même la possibilité de lancer des attaques contre la Mecque et ses alliés. Ainsi, au cours de l'année qui suivit la bataille de Badr, les musulmans menèrent de petites expéditions contre certains des détracteurs les plus virulents de Mahomet, non pas pour répondre à un besoin pratique de nourriture (comme cela avait été le cas lors des tentatives précédentes de raids de caravanes), mais simplement pour faire taire l'opposition aux enseignements islamiques.

Deux de ces attaques visaient un homme nommé Abu Afak et une femme appelée Asma Bint Marwan. Abu Afak était un vieil aveugle qui écrivait des poèmes dénonçant Mahomet et ses méthodes violentes. Il ne représentait aucune menace physique pour Mahomet, mais ce dernier, ne tolérant aucune critique, l'a fait tuer. Certaines sources islamiques modernes tentent de justifier son meurtre en affirmant qu'il a été tué non pas parce qu'il avait écrit des poèmes critiquant Mahomet, mais parce qu'il avait déclenché une guerre contre lui. Il n'y a cependant aucune preuve de cela ; la citation arabe d'un écrit de l'historien Ibn Kathir utilisée pour soutenir cette affirmation est fortement modifiée pour supprimer le fait qu'Abu Afak était un poète âgé de 120 ans et que son œuvre ne constituait pas un appel à la guerre (le mot utilisé par Ibn Kathir qui est traduit ou interprété com me "incité à la guerre" - ḥarriḍ - est toujours compris dans un sens positif lorsqu'il est utilisé dans le Coran, signifiant "encouragé", "suscité", "inspiré" ou "motivé" et il n'y a donc aucune raison de penser que dans ce contexte, il signifiait quelque chose de différent. Ce n'est guère une façon convaincante de répondre à une objection si vous devez supprimer les preuves contre votre thèse, soit par une mauvaise traduction, soit en supprimant réellement les contrépreuves. Cette approche lit de Procuste de la preuve est très courante dans l'apologétique islamique, où une norme arbitraire est appliquée pour forcer le résultat souhaité.

Alors que la nouvelle du meurtre se répandait, une femme nommée Asma Bint Marwan écrivit un poème dénonçant l'acte et les disciples de Mahomet. Lorsque Mahomet entendit cela, il demanda à ses disciples "Qui me débarrassera de Bint Marwan ?". L'un d'eux se trouvait être un membre de la tribu d'Asma ; il la tua pendant la nuit et rapporta le meurtre à Mahomet le lendemain. Mohammed loua son action, disant que même deux chèvres ne se seraient pas disputées pour sa mort. C'était donc la façon de faire de Mahomet ; Asma Bint Marwan, comme Abu Afak, n'était pas une guerrière ou une combattante mais une critique. Pourtant, il l'a fait assassiner dans son sommeil.

Le meurtre d'Asma Bint Marwan a marqué un tournant dans le leadership de Mahomet. Alors qu'auparavant les membres de sa tribu qui suivaient Mahomet gardaient le secret, ils étaient désormais ouverts à ce sujet et l'historien Ibn Hisham rapporte que la tribu dans son ensemble avait "vu la puissance de l'islam" et avait rejoint leurs rangs (bien que nous ne puissions dire si c'était par admiration ou par crainte).

Alors que Mahomet poursuivait son expédition contre ses adversaires, il tourna son attention vers l'une des tribus juives de Médine, les Banu Qaynuqa. Les historiens musulmans ne sont pas d'accord sur la raison de cette agression musulmane contre les Juifs ; certains récits disent que c'est parce qu 'un ou plusieurs jeunes juifs ont intimidé une femme musulmane, mais d'autres disent que la tribu juive l'a mis au défi de ne pas penser qu'il pouvait les combattre et gagner simplement parce qu'il avait vaincu les Quraishites (Safiurahman al-Mubaraki, Le Nectar Scellé). Au départ, Mohammed voulait tuer tous les membres de la tribu, mais il fut finalement persuadé par l'un des chefs de Médine (Abdullah ibn Ubayy ibn Salul) d'expulser toute la tribu de Médine. Mahomet confisqua tous leurs biens et possessions et les partagea entre ses partisans, prenant pour lui-même un cinquième du butin.

Mahomet poursuivit ses petites expéditions jusqu'en mars 625, date à laquelle les Quraysh ripostèrent en marchant contre Mahomet avec une armée de 3 000 hommes dirigée par Abu Sufyan, Khalid ibn al-Walid et 'Amr ibn al-'As (qui devint musulman après leur défaite). La bataille a eu lieu le samedi 23 mars 625 dans une vallée située en face du mont Uhud, au nord de Médine. Les 200 cavaliers mecquois étaient nettement plus nombreux que les cavaliers musulmans (4 contre 1). Cette bataille est généralement considérée comme une défaite pour les musulmans, et même le Coran la reconnaît comme telle :

Au cours de la bataille, Mohammed fut blessé et se cassa les dents ; son oncle, Hamzah ibn 'Abdul-Muttalib, fut tué. Cependant, malgré la défaite, la bataille a donné à Mahomet l'occasion de démontrer ses capacités de général militaire en choisissant la position stratégique d'Uhud. C'est ainsi que l'idée d'un islam militant fut fermement établie et, avec elle, l'importance de la guerre pour le nouvel État islamique. C'est à ce moment-là que Mahomet a commencé à s'appuyer de plus en plus sur des campagnes militaires pour diffuser sa nouvelle religion.

Au cours des années suivantes, Mahomet s'est débarrassé des dernières tribus juives de Médine en expulsant les Banu Nadir, en massacrant tous les hommes des Banu Qurayza et en prenant les femmes et les enfants comme esclaves. Enfin, en 630 (deux ans seulement avant sa mort), il s'est lancé à l'assaut de la Mecque et a conquis sa ville natale qui l'avait rejeté, lui et son message.

Après la mort de Mahomet, les musulmans ont continué à s'étendre par la force militaire et, en une centaine d'années, ils ont établi un empire s'étendant du sud de la France à l'ouest, l'Inde à l'est, et de l'Arménie au nord, au sud du Yemen.

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